Lundi, Serge Hudon, un allochtone qui participe au blocage des chemins forestiers de Girardville, a publié une vidéo en direct sur Facebook où il soutenait que des armes étaient cachées en forêt, proposant à son auditoire de « choisir [sa] mort ».
« Si t’as pas peur de finir tes jours fusillé, viens nous voir. Parce que d’une façon ou d’une autre, vous êtes tous en train de mourir, à petit feu, dans l’inaction », y disait-il.
En fin d’après-midi, la vidéo avait été supprimée.
Des forestiers se sont montrés fort inquiets de voir cette vidéo et un d’entre eux a par ailleurs porté plainte à la police.
Des convois, organisés par les mêmes personnes qui ont participé au convoi de la liberté à Ottawa, sont en préparation pour venir se joindre aux blocages forestiers de Girardville et du km 59 du 2 au 4 septembre. Les mentions de mitraillettes et de blocage de tous les chemins forestiers font craindre le pire à certains acteurs.
« La multiplication des acteurs et la relative inaction du gouvernement font en sorte que ça commence à prendre une ampleur qui n’est pas souhaitable », remarque Louis Bouchard de Produits forestiers Résolu. Selon ce dernier, la vidéo mentionnant les mitraillettes en forêt est inacceptable et le gouvernement doit prendre une action directe et immédiate.
Akim Grenier, un Innu qui participe au blocus forestier du km 59, s’inquiète aussi des paroles et des prises de position de Serge Hudon. « Nous avons peur de sa langue. Ses messages sont trop haineux. Ses paroles ne respectent pas la paix et la vérité », dit-il, ajoutant qu’il n’appuie pas la propagande qu’il véhicule.
Diane Blacksmith, la kukum qui a initié le barrage à Girardville, a refusé de commenter la situation.
La semaine dernière, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, s’inquiétait aussi de la présence d’allochtones sur le site des blocages qui pourraient instrumentaliser la situation à leur avantage.
Le collectif Mashk Assi, qui a initié les blocages forestiers au Lac-Saint-Jean plus tôt cet été, s’est aussi dissocié « des faux autochtones et des groupes d’extrême droite raciste homophobe, néo nazi, des patriotes nationaliste, motards criminalisés, la meute ou autre groupe identitaire [sic] ».
Adepte de théories en tout genre
Serge Hudon fait partie du groupe de sympathisants à la cause des kukums innues qui bloquent des chemins forestiers au cours des dernières semaines. En forêt, il publie plusieurs vidéos en direct chaque semaine où il parle des droits particuliers des kukums sur les territoires non cédés, alors que la vaste majorité du territoire québécois n’a jamais été cédé.
Il déplore la gestion minière qui donne des droits importants sur les ressources naturelles du sous-sol québécois, mêlant au passage l’industrie forestière dans le même sillon. Il oublie toutefois de mentionner que c’est le gouvernement québécois qui fait la planification forestière et non pas les entreprises elles-mêmes. Les entreprises, comme Produits forestiers Résolu, se contentent de récolter le bois où le gouvernement le prescrit.
Dans une vidéo, il estime que la foresterie a fait disparaître les ours en forêt. Dans une autre, il se demande comment le feu a pu prendre partout en même temps, sous-entendant qu’il faut le faire naître avec un briquet pour qu’il s’allume.
Sur les groupes de soutien au convoi, c’est lui qui prend pratiquement toute la place lors des annonces officielles du groupe. Apparaissant aux côtés de Diane Blackmith, il lui souffle même des mots et des phrases qu’elle doit dire à l’écran.
« À partir de lundi, je bloque le chemin à Girardville », mentionne la kukum dans un vidéo publié dimanche dernier. « Pis on invite les gens encore », lance alors Serge Hudon. « Si vous voulez venir m’appuyer là-dessus, vous êtes les bienvenus », ajoute ensuite Diane Blacksmith.
Serge Hudon se lance aussi dans une diatribe contre Produits forestiers Résolu, interpellant directement le ministre Lafrenière pour le convier à une « guerre d’usure ».
Finalement, le chemin forestier de Girardville est demeuré ouvert lundi. Des tentatives ont été faites pour arrêter les machines forestières à certains endroits, mais le travail de récolte s’est poursuivi. Il n’a pas été possible de confirmer si ce sont des Innus ou des allochtones qui ont tenté d’arrêter les machines.
